En complément de l’exposition temporaire Traits d’Esprit. Des images pour ne pas se prosterner, le Musée Jeanne d’Albret, en partenariat avec le Pays d’Art et d’Histoire du Béarn des Gaves, propose deux conférences permettant d’approfondir le sujet traité.

 

/// Stratégies iconographiques au temps des guerres de religion
par Sabine Forero-Mendoza  ///  Mardi 17 mai 2016 à 18h30, Communauté de communes de Lacq-Orthez

Au temps des guerres de religion, les images, dont les modes de production et de diffusion ont été profondément transformés par l’invention de l’imprimerie, sont soumises à de multiples enjeux, religieux et idéologiques autant que sociaux et politiques. D’un côté, elles cristallisent des divisions théologiques et des fractures doctrinaires qui trouvent leur expression paroxystique dans des crises iconoclastes. D’un autre, elles se révèlent un instrument de propagande efficace au service, selon les circonstances, d’une cause ou de l’autre.
En une époque qui privilégie les formes d’expression indirecte et allusive, par le symbole et l’allégorie, se définit une rhétorique figurative singulièrement éloquente. À partir de l’examen de quelques exemples, la conférence s’attachera à cerner les usages des images en un moment particulièrement troublé de l’histoire et à décrypter la manière dont elles suggèrent ou occultent, dénoncent ou glorifient.

 

/// La caricature dans l’histoire contemporaine. Presse et religion : des relations caricaturales
par Mixel Esteban  ///  Jeudi 26 mai 2016 à 18h30, Communauté de communes de Lacq-Orthez

pas d’aujourd’hui. Bien plus que les mots, le dessin de presse est au centre de relations parfois tendues, en particulier lorsque le religieux réagit face à une caricature jugée blasphématoire. Mais quand un dessin de presse porte atteinte à la liberté de croyance ? Au contraire, la condamnation d’un dessin n’est-elle pas une atteinte à la liberté de la presse ? C’est toute la problématique d’une rencontre entre deux libertés fondamentales : liberté d’expression et liberté de pensée. Ce contentieux est marqué par l’avènement de la presse écrite, de masse, à la fin du XIXe siècle. Dans un État de droit, c’est à la justice de trancher. Mais gardons-nous d’une analyse trop caricaturale.
Ce début du XXIe siècle nécessite de nouveaux regards. Doit-on continuer à voir la presse et la religion comme on observerait un dessin, avec un message accessible certes, mais trop simple aussi ? Et doit-on continuer de parler de la presse comme d’un ensemble monolithique ? De même, de quelles pratiques ou visions des religions parle-t-on ? Sont-elles menacées par le dessin de presse ?
Notre raisonnement suit parfois le cheminement qui séparait cléricaux et anticléricaux sous la IIIe République. Nous pouvons aussi observer ces relations plus apaisées de la deuxième moitié du XXe siècle, alors la presse écrite déclinait au profit d’autres médias de masse, radio et télévision, et que l’Église se concentrait sur l’essentiel, le religieux, dans une période marquée par la sécularisation. Mais un autre enjeu vient bouleverser ces visions : la mondialisation médiatique caractéristique du début du XXIe siècle.
Les événements sanglants de janvier 2015 attirent ici notre attention. La démultiplication des caricatures par les technologies de communication a un effet grossissant pouvant donner à une presse confidentielle une résonance dépassant le poids réel de son lectorat. De même, la diffusion des idées religieuses profite des mêmes canaux, s’inscrivant dans un contexte mondial. L’ensemble pouvant conduire à un choc culturel. La recherche d’un équilibre entre liberté de la presse et liberté de croyance ne se trouve-t-elle pas ici bousculée ?