Paul Reclus est le plus jeune et le plus béarnais des fameux cinq frères (Élie, Élisée, Onésime, Armand et Paul). Né le 7 mars 1847 à Orthez, il sera maire d’Orion ainsi que conseiller général du canton de Salies-de-Béarn de 1897 à sa mort, en 1914. Chirurgien, professeur à la Faculté de médecine de Paris, il est le vulgarisateur de l’usage de la cocaïne comme anesthésique local et réalise la première anesthésie à la stovaïne, son dérivé. Il est également l’inventeur de la fameuse « Pommade de Reclus ». Au moment de la réalisation de ce portrait, en 1892, il enseigne à l’hôpital de la Pitié. Il entrera à l’Académie de Médecine trois ans plus tard.

Né à Pau en 1852, Ernest Bordes est le fils d’un hôtelier palois. Il étudie la peinture à l’École des Beaux-Arts de Paris où il est l’élève de Fernand Cormon et de Léon Bonnat. Sa première œuvre exposée au Salon, en 1879, Le concierge est tailleur (conservée au Musée des Beaux-Arts de Pau), est une scène de genre. Il y remportera par la suite deux médailles grâce à des peintures d’histoire en 1884 et 1886. Néanmoins, en digne élève de Bonnat, c’est dans l’art du portrait qu’il excelle le plus.
En 1890, il épouse Jeanne Larrouy dite « Zaza », dont la sœur, Henriette, est mariée à Paul Reclus. Si le couple vit au cœur du quartier Saint-Germain à Paris la plupart du temps, à partir de 1900 – date à laquelle Ernest Bordes acquiert cette propriété –, ils passent la belle saison sur le domaine de Bétouzet, à Andrein. C’est là que le peintre mourra en 1914, quelques jours seulement après son beau-frère. C’est grâce à ce dernier que nombre de personnalités de l’époque ont posé pour lui : le neurologue Édouard Brissaud, le chimiste Émile Duclaux, et aussi Louis Barthou, Jean Aicard, etc.

Pierre Delbet, chirurgien et ami de Paul Reclus, évoque dans son éloge funèbre, son « regard droit, pénétrant et doux au travers du binocle ». Ernest Bordes a su saisir ici le caractère de son modèle : le visage au front large émergeant d’un camaïeu de bruns sombres, l’index posé sur sa joue et le pouce soutenant le menton tandis que son autre main est glissée négligemment dans la poche de son pantalon, Paul Reclus, dans une pose à la fois souple et rigide, semble tout entier à la réflexion, comme scrutant le visage de son interlocuteur. C’est là le portrait d’un homme exigeant mais bon, adoré de ses élèves, dont la grande rigueur n’a eu d’égale que son amour du prochain tant il n’a eu de cesse de lutter, tout au long de sa carrière, contre la douleur.

Fiche d’identité :

Ernest Bordes
1892
Huile sur toile
H. 83 cm ; L. 63 cm
Don de Odile Pagézy-Buisson, 2013
[inventaire en cours]